Sylvain Le Bail, auteur du livre "Coeurs de Breizh"


Né en 1958 à Bergerac (24), technicien agricole de formation, Sylvain Le Bail entre dans la police nationale en 1986. Membre de la Ligue des Droits de l’Homme, il s’investit à titre humanitaire au Kosovo et localement comme correspondant du quotidien Sud Ouest. En 1998, il écrit son premier livre pour défendre la cause d’un ami réfugié kosovar puis il publiera d’autres ouvrages sur le thème historique.
Avec ce nouveau livre, il nous fait partager son amour pour la Bretagne, son attachement à ses racines.
Coeurs de Breizh est un cri du coeur, un livre à fleur de peau.

Il est également l'auteur des livres suivant :
L’impossible retour, Éditions Berthelot, Malakoff, 1998. Prix Guy de Gans 1998.
Mireille, premier chef du maquis de l’Armée Secrète, Dordogne 1943, Éditions Le Chêne vert, 2001.
La police sous Vichy - Le G.M.R. du Périgord, Éditions Le Chêne vert, 2002.
Le père Cantou, Éditions Le Chêne vert, 2003.
Le champ des martyrs - 8 aout 1944, Éditions Le Chêne vert, 2003.


Interview de l'auteur :


D’où vous est venue l’idée d’écrire ce livre ?


Pour deux raisons.

1/ Dans ce beau département de la Dordogne où je suis né et où je vis, ainsi que mes parents, il y a beaucoup de noms à consonance bretonne. Certains villages sont même truffés de noms bretons autant que peuvent l’être les foies gras du Périgord. Je ne prendrai que l’exemple des environs de ma résidence. Le maire est un Breton d’origine, Guérinel. A deux cents mètres de chez moi, il y a la famille Kerembellec. La ferme la plus près est tenue par Ledévedec, une autre par Le Gall, l’électricien se nomme Le Denmat, dans la commune voisine, on trouve Le Nué, Cadalen, Jégu, etc. J’ai donc voulu savoir pourtquoi autant de Bretons avaient migré, et à quelle époque dans ce département, comme du reste, en Lot-et-Garonne, et d’une façon plus générale en Aquitaine.

2/ Je voulais savoir pourquoi mon père était parti de Bretagne, à Paris, avant de venir grossir les rangs des Bretons d’Aquitaine. Pour comprendre, je suis remonté sur les pas de mes ancêtres, jusqu’à Louis Le Bail, né à Ploërdut (Morbihan) en 1764.

 

Vivant en Périgord, quel est votre lien avec la Bretagne ?


Je reviens chaque fois que possible en Bretagne, je ne m’y suis pas établi parce que mes parents sont ici. La migration pour beaucoup de Bretons a été vécue comme un véritable traumatisme. Mon père est breton, mais comme les milliers de Bretons qui sont ici, leur famille est ici. Alors ils ne songent pas à repartir. Mais tous les soirs il écoute FR3 Bretagne. A 77 ans, la Bretagne est toujours en lui. Alors je ne veux pas ajouter à la peine de la séparation d’avec son pays celle d’un de ses enfants. Le nom de Le Bail est désormais inscrit sur une pierre tombale dans une petite paroisse du Périgord. Il est né sur la terre bretonne et rentrera par la mort dans la terre du Périgord, et nous le suivrons. C’est ainsi, mais le lien avec la Bretagne est indéfectible.

Pour ma part, je reçois régulièrement depuis quelques temps, des nouvelles par Antourtan (serveur de la diaspora bretonne, voire la page "liens" consacrée, ndlr).

 

Comment vivez-vous votre origine bretonne ?


Je crois que le lecteur comprendra dans sa lecture comment je vis cette origine. J’aurai tendance à dire qu’elle est filiale. Peut être peut-on dire pourquoi on aime une femme plutôt qu’une autre, mais que dire de sa mère ? On l’aime parce que c’est sa mère, il n’y a rien à dire de plus. La Bretagne est la mère de toutes les générations des Le Bail qui m’ont précédé. Je suis né ailleurs, mais la Bretagne est dans mon sang. Tous les Bretons d’ailleurs doivent avoir un peu ce même sentiment lorsqu’ils marchent sur les pas de leurs ancêtres, cela s’explique difficilement, c’est un sentiment d’appartenance à une terre, à des racines, une sorte de respect pour les hommes et les femmes qui nous ont précédés et grâce à qui nous sommes là. Ce lien est d’autant plus fort lorsque l’on découvre les dures épreuves et les injustices qu’ils ont dû surmonter pour vivre, parfois survivre. Nous sommes là, c’est la victoire de la vie.

 

En quoi ce livre contribue-t-il à comprendre la forte émigration bretonne ?


Au cours de mes discussions avec les Bretons d’ici et les Bretons d’ailleurs, je me suis rendu compte que beaucoup de Bretons ignoraient les véritables raisons de la migration au XXe siècle. Ils ignorent la crise des fermes de 1921, qui pourtant est à la fois la cause et la conséquence d’une importante évolution dans le monde rural breton. La spéculation sur la terre a évincé des milliers de paysans, et par voie de conséquence de milliers de ruraux de la Bretagne.

Qui peut parler du rôle de la Coopérative de Landerneau, qui connaît Saïg Tinevez qui prévenait en 1920 d’une crise sociale majeure dans le monde paysan, qui connaît le député Inizan, que ses collègues de l’Assemblée Nationale, le 1er février 1921, applaudissent debout, lorsqu’il défendit la cause des paysans bretons ? Qui connaît le véritable traumatisme que cette crise a causé, par la profonde injustice qu’elle a causé à des paysans obligés de quitter leurs terres, leurs familles, leur patrie ? Tout cela je l’ai moi-même découvert au cours de mes recherches, et je voulais partager le fruit de ce travail avec tous les bBetons, parce que cette histoire fait partie de l’histoire bretonne.

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